True Bromance. L’un est président, l’autre milliardaire hyperconnecté. Longtemps complices, Donald Trump et Elon Musk ont vu leur alliance se fissurer en public dans la nuit du 5 au 6 juin. Chronologie d’une dispute à haute altitude.
Ils s’étaient soutenus en campagne, affichés côte à côte sur le terrain des idées comme sur celui des intérêts. Mais cette fois, c’est sur X et Truth Social que Donald Trump et Elon Musk ont réglé leurs comptes, en temps réel, sous les yeux de millions d’internautes et d’investisseurs inquiets pour certains, amusés pour d’autres.
- Donald Trump et Elon Musk ont vu leur alliance se fissurer publiquement sur les réseaux sociaux, suscitant l’inquiétude des internautes et investisseurs.
- La dispute a éclaté autour du projet de loi « One Big Beautiful Bill Act », que Musk a vivement critiqué, entraînant une riposte sévère de Trump.
Elon Musk se la joue Kill Bill
Le point de rupture ? Un texte budgétaire au nom grandiloquent, le One Big Beautiful Bill Act. En façade, des réductions d’impôts massives.
En coulisses, une dette publique qui enfle de plus en plus, selon le Bureau du budget du Congrès.
Elon Musk, vent debout contre ce qu’il qualifie d’« abomination répugnante », appelle à faire capoter le projet. Il alerte même les élus républicains : s’ils votent ce texte, ils auront affaire à lui en 2026. Ainsi juste après sa démission du DOGE, l’homme le plus riche du monde a lancé les offensives sur son réseau X, multipliant les tweets et les attaques contre le texte budgétaire qu’il surnomme « The Big Ugly Bill».
« Où est l’homme qui a écrit ces mots ? A-t-il été remplacé par une doublure ? »
Puis, l’uppercut de trop :
« Sans moi, Trump aurait perdu l’élection, les démocrates contrôleraient la Chambre et les républicains auraient 51 voix contre 49 au Sénat. »
Un clash à 140 milliards de dollars
La réponse ne tarde pas. Sur Truth Social, Trump accuse Musk d’avoir « perdu la tête ». Et en profite pour annoncer sa révocation, déjà effective, d’une mission gouvernementale, au sein du Département de l’Efficacité Gouvernementale.
Puis vient la menace économique : Trump évoque la fin des subventions et contrats fédéraux accordés aux entreprises de Musk, notamment Tesla et SpaceX.
La Bourse réagit aussitôt : l’action Tesla chute de 14 %, effaçant plus de 140 milliards de dollars de valorisation.
« Le moyen le plus simple d’économiser des milliards de dollars dans notre budget est de mettre fin aux subventions et contrats gouvernementaux d’Elon Musk. J’ai toujours été surpris que Biden ne le fasse pas ! »
The Social Network
Dans la foulée, Musk annonce sur X que SpaceX va désactiver son vaisseau Dragon, utilisé par la NASA. Une déclaration choc, vite suivie d’un rétropédalage. « Bon, nous n’allons pas mettre Dragon hors service », écrit-il quelques heures plus tard.
Mais l’escalade continue : Musk rappelle les 250 millions de dollars qu’il a injectés dans la campagne de Trump, l’accuse d’ingratitude, et glisse au passage une allusion – non vérifiée – à l’affaire Epstein.
L’offensive fait l’effet d’une bombe :
« Il est temps de lâcher la bombe : @realDonaldTrump est dans les dossiers Epstein. C’est la véritable raison pour laquelle ils n’ont pas été rendus publics. Bonne journée, DJT ! »
Alors que les réactions s’enchaînent, Trump tente de calmer le jeu. Un appel est prévu entre les deux hommes pour le 6 juin, censé ramener un peu de calme après la tempête. Cependant le tweet épinglé d’Elon Musk montre que la guerre n’est pas terminée :
« Est-il temps de créer un nouveau parti politique en Amérique qui représente réellement les 80 % du centre ? »
Elon Musk, l’affaire présidentielle de Donald Trump
La dispute entre Donald Trump et Elon Musk a culminé avec des déclarations publiques, y compris une intervention notable de Trump depuis le Bureau ovale le 5 juin 2025.
Lors d’une réunion avec le chancelier allemand Friedrich Merz, Trump a officialisé la rupture en direct devant les caméras, exprimant sa « déception » envers Musk, son ancien « conseiller spécial » qui avait quitté ses fonctions le 30 mai.
Il a déclaré :
« Elon et moi avions une bonne relation. Je ne sais pas si c’est encore le cas »
Haters will say this is AI
pic.twitter.com/vqWVxiYXeD
— Elon Musk (@elonmusk) August 14, 2024
Trump / Musk : l’impossible happy end ?
Vous l’aurez compris : fini le temps des mèmes où Trump et Musk dansaient langoureusement sur « Staying Alive » façon La Fièvre du samedi soir. Le cinéma politique vient de changer de genre — on est passé de la comédie musicale au thriller à huis clos via réseaux sociaux interposés.
Reste que cette passe d’armes laisse des traces : l’action Tesla demeure chahutée, la droite américaine se fracture entre les fidèles du président et les techno-libertaires agacés, et l’image des deux figures ressort écornée, abîmée par une querelle digne d’un épisode de téléréalité mal scénarisé.
Les marchés crypto, eux aussi, ont brièvement tangué, suivant l’instabilité ambiante. Rien de dramatique. Bitcoin, fidèle à lui-même, a encaissé l’onde de choc avec flegme. Et dans ce tumulte, la voix d’Adam Back — cypherpunk de la première heure, PDG de Blockstream, et créateur du système Hashcash qui a inspiré Satoshi Nakamoto, le père créateur de Bitcoin — est venue rappeler une vérité presque stoïque : « La politique ne fonctionne pas. Achetez simplement du Bitcoin. »
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