Dans notre écosystème, les histoires de succès fulgurant cotoient souvent celles de la chute et du crime. Mais il y a des affaires qui marquent les esprits par leur démesure. Celle qui a éclaté au Royaume-Uni avec le dénouement de l’affaire Zhimin Qian en est un exemple criant. Cette affaire, qui a débuté en 2014, est un cas d’école. Un bon vieux schéma de Ponzi qui s’est paré des habits modernes du Bitcoin pour mieux dépouiller ses victimes. Après des années de traque, la justice a finalement mis son coup de marteau sur cette affaire. Zhimin Qian a plaidé coupable pour acquisition et possession de biens criminels, un aveu qui marque le point culminant de l’enquête et confirme que la police métropolitaine de Londres a réussi la plus grande saisie de Bitcoin jamais enregistrée.
- L’affaire Zhimin Qian a défrayé la chronique au Royaume-Uni, révélant une escroquerie de type Ponzi couverte par le Bitcoin.
- La police métropolitaine de Londres a réalisé la plus grande saisie de Bitcoin de l’histoire avec 61 000 BTC confisqués.
L’art du Ponzi 2.0 et la fuite vers le Bitcoin
Entre 2014 et 2017, en Chine, une femme a su tisser une toile d’araignée financière digne de Madoff. Zhimin Qian, alias Yadi Zhang, a mis sur pied une escroquerie à l’investissement qui a fait 128 000 victimes.
La promesse était simple, et comme toujours, trop belle pour être vraie : des rendements allant de 100 à 300 %. Une fois la pyramide effondrée sous son propre poids, l’instigatrice s’est empressée de convertir ses gains en Bitcoin, pour pouvoir s’envoler vers d’autres cieux.
Elle a atterri au Royaume-Uni avec de faux papiers, pensant sans doute que l’anonymat relatif du Bitcoin et la complexité des juridictions internationales la mettraient à l’abri. C’était sans compter la détermination des enquêteurs. Le Met’s Economic and Cybercrime Command, l’unité de cybercriminalité de la police métropolitaine de Londres, s’est lancée dans une traque de longue haleine comme l’explique le communiqué de presse de la police métropolitaine de Londres publié le lundi 29 septembre 2025.
“Le plaidoyer de culpabilité d’aujourd’hui marque l’aboutissement d’années d’enquête dévouée menée par les équipes de lutte contre la criminalité économique de la police métropolitaine et nos partenaires. Il s’agit de l’un des plus grands cas de blanchiment d’argent de l’histoire du Royaume-Uni et de l’un des cas de cryptomonnaie les plus importants au monde.
Je suis extrêmement fier de l’équipe. (…) Grâce à une enquête méticuleuse et à une coopération sans précédent avec les forces de l’ordre chinoises, nous avons pu obtenir des preuves convaincantes des origines criminelles des cryptoactifs que Qian a tenté de blanchir au Royaume-Uni.
“Mes pensées vont aux milliers de victimes escroquées dans ce stratagème, et j’espère que le résultat d’aujourd’hui reconnaîtra le préjudice infligé par Qian et renforcera l’engagement indéfectible de la police métropolitaine en faveur de la justice.”
Will Lyne, chef du commandement économique et de la cybercriminalité du Met – Source
Le complice, la saisie et les défis juridiques
Pour parfaire son plan de blanchiment, Zhimin Qian s’est adjointe les services d’une complice, Jian Wen. Cette dernière, une femme au profil plus modeste, a aidé à la conversion des Bitcoins en biens tangibles, tentant d’acquérir de somptueuses propriétés dans les quartiers huppés de Londres. Ce fut la faille.
L’enquête a remonté la piste et a conduit à l’incroyable saisie de 61 000 BTC en mars 2024. Jian Wen a été la première à tomber, condamnée pour blanchiment d’argent et écrouée pour plus de six ans. Le plaidoyer de culpabilité de Zhimin Qian pour « possession de biens criminels » marque l’épilogue de la partie pénale de cette affaire au Royaume-Uni.
« Le Bitcoin et d’autres cryptomonnaies sont de plus en plus utilisés par les criminels organisés pour dissimuler et transférer des actifs, afin que les fraudeurs puissent profiter des avantages de leur conduite criminelle. Cette affaire, impliquant la plus grande saisie de cryptomonnaie au Royaume-Uni, illustre l’ampleur des produits du crime dont disposent ces fraudeurs.
Le plaidoyer de culpabilité prononcé aujourd’hui par Zhimin Qian marque l’aboutissement de nombreuses années de travail complexe et détaillé de la part de la police métropolitaine et du Crown Prosecution Service. Le fait que l’accusé ait plaidé coupable aujourd’hui témoigne de la rigueur de l’enquête et des poursuites. »
Robin Weyell, procureur en chef adjoint du Crown Prosecution Service
61 000 BTC dans la nature ?
Mais la bataille n’est pas finie. Des procédures civiles sont en cours pour déterminer le sort des fonds saisis. C’est ici que le proverbial se loge : comment restituer des milliards de dollars à des victimes éparpillées en Chine ?
Comme l’ont souligné les experts juridiques, le chemin sera semé d’embûches. Il faudra non seulement identifier chaque plaignant, mais aussi prouver que ses fonds ont été légitimement volés, une tâche d’une complexité titanesque. A suivre, sur Le Journal du Coin.
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