MAGA. Le pays où l’on fait parfois les choses en grand, y compris le gaspillage. C’est un peu le dénouement d’un mauvais roman de chevet : la pièce de 1 cent, l’humble penny, a finalement rendu son dernier souffle à l’US Mint. La décision, aussi tonitruante que le personnage qui l’a ordonnée, à savoir le président pro crypto Donald Trump, vise à couper court à une absurdité économique qui faisait hurler les comptables : produire une pièce qui coûte près de quatre fois sa valeur nominale !
- La production du penny américain a été stoppée par l’US Mint en raison de son coût excessif par rapport à sa valeur nominale.
- Cette décision vise à économiser 56 millions de dollars aux contribuables, bien qu’elle suscite des remous parmi les collectionneurs et les commerçants
Production d’un penny : Quand 1 + 1 font 4
L’argument est massue et justifie le coup de poing sur la table. L’arrêt de la production du penny est une mesure destinée à faire économiser 56 millions de dollars aux contribuables.
Dans ce sens, le Trésorier américain, Brandon Beach, n’a d’ailleurs pas mâché ses mots au moment de frapper le dernier spécimen : « God bless America, and we’re going to save the taxpayers $56 million ».
Le diagnostic est sans appel : le penny, introduit en 1793, n’a plus la force d’antan. Il y a 200 ans, il vous achetait un biscuit, une bougie ou un bonbon. Aujourd’hui, il ne sert plus qu’à alourdir nos poches ou à encombrer les fonds de tiroir dans un monde qui :
- utilise de moins en moins de cash,
- voit l’inflation galopante gagner du terrain,
- souhaite passer à des paiements tout numériques.
Les monnaies fiat à l’agonie ?
Cette mise à mort, aussi rationnelle soit-elle, n’est pas sans provoquer quelques remous
D’un côté, nous avons les romantiques et les collectionneurs, ceux qui voient dans ces pièces un porte-bonheur, un fragment d’histoire qu’on peut tenir entre ses doigts. La fin du penny est la fin d’une certaine idée de la monnaie fiduciaire, victime de son propre succès et de l’inflation.
De l’autre, nous avons les commerçants, en pleine crise d’ajustement. Finies les transactions rondes au cent près ! Beaucoup ont dû s’improviser arithméticiens, ajustant les prix ou priant les clients d’avoir la monnaie exacte. Jeff Lenard de la National Association of Convenience Stores l’a reconnu : même si son association militait pour l’abolition depuis trois décennies, la manière dont cela a été fait – abrupte et sans filet – n’est pas idéale.
Bitcoin ou l’art de la rareté
L’adieu mélancolique au penny est une puissante leçon de rareté et de valeur à l’ère du numérique. L’humble pièce de 1 cent a été victime d’une forme d’hyperinflation matérielle : son coût de production a dépassé de 400 % sa valeur nominale. En termes de rendement, c’est l’anti-actif par excellence.
Face à cette gabegie, le Bitcoin (BTC) apparait comme une réponse. Sa valeur n’est pas adossée à un métal coûteux à extraire et à frapper, mais à un code rigoureux qui garantit sa rareté mathématique. Avec son plafond de 21 millions d’unités, le BTC est déflationniste par essence. Là où l’US Mint a pu produire des milliards de pennies jusqu’à les rendre obsolètes, le créateur du Bitcoin, le mystérieux Satoshi Nakamoto, a posé une limite.
Le penny est mort de n’avoir pas su rester rare. Le bitcoin prospèrera parce qu’il l’est, et le devient de plus en plus avec chaque halving.
Le penny n’a pas survécu à la contradiction entre son coût et sa valeur. Les actifs numériques, eux, doivent s’assurer que leur rareté perçue résiste aux réalités de leur production. Une vieille pièce de cuivre nous donne une leçon de maître : la valeur ne dépend pas du prix, mais de la rareté crédible.
La fin du penny est une fable économique moderne. Elle nous rappelle qu’en finance, le coût de production d’un actif doit rester inférieur à sa valeur nominale, sous peine de s’autodétruire. À l’heure où le Web3 rêve de dématérialiser toutes les transactions, cette petite pièce de cuivre est le symbole d’une finance traditionnelle rattrapée par ses propres paradoxes. Les pennies existants resteront monnaie légale, certes, mais pour combien de temps avant de devenir de simples artefacts ?
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