Politique et corruption. La lutte contre la corruption est un combat de tous les jours pour les autorités nigérianes et le président de la Commission des crimes économiques et financiers (EFCC) vient de lancer une alerte sur l’utilisation de la cryptomonnaie par certains hommes politiques pour cacher leur argent sale. Alors que le pays est déjà confronté à une explosion des fraudes financières et des arnaques à l’investissement, il semblerait que les actifs numériques soient de plus en plus utilisés pour dissimuler des fonds d’origine douteuse. Direction le Nigéria pour faire le point sur cette affaire.
- Le président de l’EFCC du Nigéria a alerté sur l’utilisation croissante des cryptomonnaies par des hommes politiques pour dissimuler des fonds d’origine douteuse.
- Le Nigéria connaît une augmentation de 45% des fraudes financières, avec 70% de ces cas impliquant des plateformes d’échange de cryptomonnaies.
Le Nigéria tire la sonnette d’alarme sur l’utilisation de la cryptomonnaie…
À l’occasion de la Journée de lutte contre la corruption de l’Union africaine, le président de la Commission des crimes économiques et financiers (EFCC), Ola Olukoyede, a pris la parole pour mettre en garde contre l’utilisation croissante de la cryptomonnaie dans le cadre d’arnaques à l’investissement, mais aussi pour cacher des fonds d’origine douteuse.
Il a notamment pointé du doigt certains hommes politiques qui utiliseraient les actifs numériques pour dissimuler leur argent sale :
« Nos conclusions ont montré que des hommes politiques frauduleux perfectionnent déjà des stratagèmes et cachent leur butin en cryptomonnaies pour échapper aux filets d’enquête des agences de lutte contre la corruption. »
Ola Olukoyede, président de la Commission des crimes économiques et financiers (EFCC) – Source : efcc.gov.ng
Le responsable de l’EFCC a également déclaré que « les fonds volés et les richesses inexpliquées » étaient de plus en plus souvent stockés dans des portefeuilles numériques et que les paiements pour des services étaient effectués en cryptomonnaies pour éviter la surveillance des autorités.
Si on en croit les chiffres publiés par la Banque centrale du Nigéria, les fraudes financières sont d’ailleurs en hausse de 45% dans le pays depuis l’année dernière. Parmi ces cas, environ 70 % ont utilisé des moyens numériques comme des plateformes d’échange de cryptomonnaie et les régulateurs financiers ont identifié plus de 30 systèmes de Ponzi impliquant des actifs numériques !
… pour des fraudes financières qui explosent dans le pays
Pour David Ugolor, directeur exécutif de l’Africa Network for Environment and Economic Justice (ANEEJ), cette situation n’est pas surprenante compte tenu de la place importante qu’occupe le Nigéria sur le marché crypto africain, des problèmes historiques de corruption dans le pays et de la faiblesse des contrôles lors de la divulgation des patrimoines de la classe politique. Il a ainsi déclaré :
« À l’heure actuelle, il n’existe pas de données publiques vérifiables quantifiant le montant exact de la richesse inexpliquée détenue par l’élite politique nigériane sous forme de cryptomonnaie. »
David Ugolor, directeur exécutif de l’Africa Network for Environment and Economic Justice (ANEEJ) – Source : decrypt
Pour lutter contre ce phénomène, David Ugolor appelle à un renforcement des cadres réglementaires et à une meilleure coopération transfrontalière entre les agences de lutte contre la corruption. Il plaide également pour une plus grande transparence de la part des hommes politiques qui devraient être tenus de « déclarer leurs actifs numériques dans le cadre d’un régime révisé de divulgation des actifs publics ».
Enfin, il souhaite que les ONG comme l’ANEEJ et l’EFCC travaillent plus étroitement avec les régulateurs et le secteur de la cryptomonnaie pour établir des listes blanches, des indicateurs d’activité suspecte et des canaux de signalement pour les lanceurs d’alerte.
La corruption est un problème mondial qui touche particulièrement certaines zones du monde comme l’Afrique, mais il ne faut pas oublier que l’Europe n’est pas épargnée par le phénomène. Dernièrement, c’est la République tchèque qui était secoué par un scandale autour de 45 millions de dollars en BTC.
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