Un rappel nécessaire ? L’adoption des cryptomonnaies et des technologies blockchain a connu une croissance exponentielle au cours de la dernière décennie. Toutefois, alors que ces innovations continuent de transformer le paysage financier mondial, il est crucial de garder à l’esprit que leur développement doit être ancré dans le respect des droits de l’Homme. Pris en étau entre la tentation de surveillance des États et les activités malveillantes des criminels, la crypto suit une ligne de crête. Voici une piqure de rappel bienvenue sur les enjeux liés à tout ça, par Shady El Damaty, le cofondateur de Human Tech.
- L’adoption exponentielle des cryptomonnaies pose des enjeux cruciaux en matière de droits de l’Homme, entre surveillance étatique et activités criminelles.
- Les cryptomonnaies offrent une inclusion financière potentielle et une lutte contre la censure, mais nécessitent un équilibre entre vie privée et légalité.
La crypto et les droits de l’Homme
Les cryptomonnaies, comme Bitcoin, ont été conçues pour offrir une alternative décentralisée aux systèmes financiers traditionnels. Elles permettent à quiconque disposant d’une connexion Internet de participer à l’économie mondiale, sans avoir besoin d’un intermédiaire comme une banque. Cela est particulièrement important dans les régions du monde où l’accès aux services financiers est limité.
Cependant, cette même décentralisation qui rend la crypto si puissante, peut également poser des risques pour les droits de l’Homme. Par exemple, l’anonymat relatif offert par certaines cryptos peut être utilisé pour financer des activités illégales ou pour échapper à la surveillance des gouvernements autoritaires, tout comme l’absence de régulation peut exposer les utilisateurs à des fraudes et à des pertes financières importantes.
Dans ce cadre-là, la protection de la vie privée est un droit fondamental qui doit être préservé. Les transactions sur la blockchain étant généralement publiques, cela signifie que toute personne peut voir l’historique des transactions d’une adresse donnée. Bien que cela puisse sembler anodin, cela peut en réalité compromettre la vie privée des utilisateurs.

La protection de la vie privée en question
Pour pallier ce problème, certaines cryptomonnaies, comme Monero ou Zcash, ont été conçues pour offrir une plus grande confidentialité. Cependant, ces solutions ne sont pas parfaites et peuvent être utilisées à des fins malveillantes, c’est pourquoi il est essentiel de trouver un équilibre entre la protection de la vie privée et la prévention des activités illégales.
Les cryptomonnaies ont par ailleurs le potentiel de favoriser l’inclusion financière en permettant aux personnes non bancarisées d’accéder à des services financiers. Mais pour que cet objectif soit atteint, il est crucial de s’assurer que ces technologies sont accessibles à tous, indépendamment de leur lieu de résidence ou de leur niveau de revenu.
Cela implique de développer des solutions adaptées aux besoins des populations vulnérables, comme des portefeuilles numériques faciles à utiliser et des plateformes d’échange sécurisées. Là encore, il est important de sensibiliser les utilisateurs aux risques liés à l’utilisation de la crypto et de leur fournir les outils nécessaires pour protéger leurs fonds.

L’inclusion financière et lutte contre la censure
Car dans certains pays, les gouvernements utilisent la censure pour contrôler l’accès à l’information et réprimer la dissidence. Les cryptomonnaies peuvent donc jouer un rôle clé dans la lutte contre la censure en permettant aux individus de contourner les restrictions imposées par les autorités.
Par exemple, les journalistes et les militants des droits de l’Homme peuvent utiliser la crypto pour financer leurs activités sans craindre que leurs comptes bancaires soient gelés. De même, les citoyens vivant sous des régimes autoritaires peuvent les utiliser pour envoyer et recevoir de l’argent de manière sécurisée et anonyme.
Toutefois, il est important de noter que ce système n’est pas la panacée. Les cryptos ne peuvent pas résoudre à elles seules aux problèmes systémiques liés à la censure et à la répression. Elles constituent simplement un outil de plus dans la lutte pour la liberté d’expression et les droits de l’Homme.
Cela implique donc de trouver un équilibre entre la protection de la vie privée et la prévention des activités illégales, de favoriser l’inclusion financière tout en luttant contre la censure.

La crypto a la croisée des chemins
L’auteur, cofondateur de Human Tech, souligne ici les nombreuses contradictions du secteur qui se rêve de plus en plus décentralisé et au service du plus grand nombre, mais qui court aussi après une forme de respectabilité auprès de la régulation mondiale. Les gens veulent la liberté, mais ne sont pas forcément prêts à en payer le prix quand les pirates rôdent autour des wallets ! Il n’y a qu’à voir le succès des ETF Bitcoin au comptant pour comprendre la schizophrénie de la cryptosphère. On est quand même bien loin du « not your Keys, not your coins »…
En fin de compte, les cryptomonnaies ont le potentiel de transformer positivement le monde en offrant des alternatives aux systèmes financiers traditionnels. Mais pour que cette transformation soit bénéfique pour tous, il est crucial de placer les droits de l’Homme au cœur de leur développement. Et ça, ce n’est pas gagné.

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