Les banques veulent de la crypto ! Le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire (BCBS) est une institution internationale qui a pour mission d’harmoniser les règles bancaires au niveau mondial afin de garantir la stabilité du système financier. Il élabore des normes et des recommandations que les pays membres sont invités à appliquer. En décembre 2022, il a publié un document intitulé Prudential treatment of cryptoasset exposures qui fixe les conditions dans lesquelles les banques peuvent détenir des actifs numériques. Mais ces règles sont jugées trop contraignantes par plusieurs groupes financiers qui demandent au BCBS de les revoir. Explications.
- Le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire a fixé des règles strictes pour la détention d’actifs numériques par les banques, jugées trop contraignantes par certains groupes financiers.
- Ces groupes financiers demandent une révision des normes, arguant qu’elles sont basées sur une perception dépassée des risques liés aux cryptomonnaies et pourraient freiner l’innovation financière.
Les banques de Wall Street veulent de la crypto dans leurs bilans
Dans une lettre adressée au BCBS, huit associations professionnelles du secteur financier, dont la Global Financial Markets Association et l’Institute of International Finance, réclament une « pause temporaire » dans l’application des normes sur les cryptomonnaies qui doivent entrer en vigueur en janvier 2026. Ces groupes estiment que ces normes sont « punitives » et qu’elles vont rendre les activités liées aux cryptomonnaies « non rentables » pour les banques, les obligeant à se retirer de ce marché.
En effet, selon le cadre défini par le BCBS, les cryptomonnaies sont soumises à des exigences de capital plus élevées que les actifs traditionnels. Par exemple, le Bitcoin et l’Ethereum ont un poids de risque de 100 %, tandis que d’autres actifs numériques peuvent atteindre 1250 %. Cela signifie que les banques doivent mettre de côté une plus grande partie de leur capital pour couvrir les risques liés aux cryptomonnaies, ce qui réduit leur capacité à prêter ou à investir.
De plus, le BCBS impose une limite d’exposition à la crypto de 1 % du capital de catégorie 1 des banques, ce qui représente une part infime par rapport aux volumes de transactions réalisés sur les marchés numériques. Par exemple, le Bitcoin et l’Ethereum ont respectivement enregistré des volumes moyens de 10,6 milliards et 6,4 milliards de dollars par jour en 2025, contre seulement 192 millions de dollars pour les entreprises du S&P 500.

Des règles inadaptées à la réalité du marché ?
Pour les groupes financiers, ces règles sont basées sur une perception dépassée des risques liés à la crypto. Ils rappellent que le cadre du BCBS a été élaboré en 2022, après les effondrements de Luna/Terra et FTX, alors que la majorité des acteurs du marché n’étaient pas issus de la finance traditionnelle. Depuis, le secteur s’est professionnalisé et les institutions financières ont développé des outils de gestion des risques plus adaptés.
Ils soulignent également que les approches politiques ont évolué depuis 2022 et que certains pays adoptent des cadres réglementaires plus favorables aux cryptomonnaies. Par exemple, Hong Kong a annoncé en 2025 qu’elle autoriserait les banques à offrir des services liés aux actifs numériques à condition qu’elles respectent certaines conditions.
Enfin, ils mettent en garde contre le risque de créer une « structure de marché bifurquée » qui pousserait la crypto hors du système bancaire, alors que l’implication des banques « favorise la sécurité et la solidité, la protection des clients et la stabilité financière ».
Ils demandent donc au BCBS de revoir ses normes sur le secteur afin de permettre aux banques de participer pleinement à ce marché en pleine croissance. Selon eux, cela serait bénéfique pour l’innovation financière et pour l’économie mondiale.
Le BCBS n’a pas encore répondu à cette demande, mais il pourrait être sensible aux arguments des groupes financiers, qui représentent les intérêts des plus grandes banques du monde. Le Comité de Bâle a déjà montré par le passé qu’il était capable de faire preuve de flexibilité face aux pressions du secteur bancaire et à la réalité d’une économie en pleine croissance.
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