Des cryptos pas comme les autres. Le secteur des stablecoins est en train de littéralement exploser depuis le début de l’année et les toutes dernières évolutions règlementaires outre-Atlantique n’y sont pas étrangères ! Avec le GENIUS Act, les États-Unis ont adoubé ces cryptomonnaies privées indexées sur la valeur de leur billet vert et leur nombre ne fait qu’augmenter. Il faut dire que la liste de leurs avantages est importante et que la finance traditionnelle l’a bien compris, même si elle fut un peu longue à la détente.
Stabilité de son prix, facilité de les transférer sur différents réseaux 24h/24 et 7j/7, accessibilité sans tiers de confiance, rampe d’accès à la DeFi, simplicité d’utilisation, sécurité renforcée, les stablecoins représentent le meilleur de la finance traditionnelle boosté à la sauce blockchain ! Pas étonnant que les géants des paiements, de la banque et de la gestion de fonds s’y engouffrent avec appétit et ambitions.
Voici le Top 10 du marché des stablecoins
Dans le secteur des stablecoins, il faut bien reconnaitre que le roi dollar écrase tout sur son passage avec plus de 99 % des parts d’un marché évalué à environ 250 milliards de dollars. Le billet vert ne laisse que des miettes aux autres devises comme l’euro, le yen, le won, la lira turque, le franc suisse, le dollar de Singapour, le dirham ou encore la roupie indonésienne. C’est pourquoi le Top 10 des stablecoins les plus capitalisés dans le monde sont tous libellés en dollar américain et au premier rang d’entre eux, l’indétrônable USDT de Tether.
1. Tether (USDT)
- Capitalisation : ~155 à 156 milliards $
- Part de marché : ~62 à 64 %
- Points clés : Leader incontesté du marché, fortement utilisé sur les exchanges et dans les paiements. Tether détient près de 1,6 % des bons du Trésor US, influençant même les taux de rendement américains.
2. USD Coin (USDC)
- Capitalisation : ~61 milliards $
- Part de marché : ~24 %
- Points clés : Considéré comme le stablecoin « réglementaire friendly ». Conforme au règlement MiCA, largement utilisé dans les paiements B2B et soutenu par Circle et Coinbase.
3. Stably USD (USDS)
- Capitalisation : ~7,1 milliards $
- Points clés : Fort développement dans les zones réglementées. Appuyé par une stratégie transparente et conforme, en croissance dans les applications de paiements numériques.
4. Ethena USDe (USDE)
- Capitalisation : ~5,9 milliards $
- Points clés : Stablecoin synthétique adossé à des stratégies de dérivés crypto. Rendement estimé autour de 9 % annuel. Très populaire dans la DeFi.
5. DAI
- Capitalisation : ~3,6 milliards $
- Points clés : Stablecoin décentralisé historique, émis par MakerDAO. Collatéralisé par des actifs crypto. Moins aligné sur les normes réglementaires comme MiCA.
6. sUSDS
- Capitalisation : ~2,47 milliards $
- Points clés : Variante « stakée » de USDS, offrant des rendements. Utilisée dans des stratégies DeFi avancées.
7. USD1
- Capitalisation : ~2,19 milliards $
- Points clés : Stablecoin orienté DeFi, avec une architecture pensée pour respecter les cadres réglementaires tout en permettant des usages DeFi.
8. First Digital USD (FDUSD)
- Capitalisation : ~1,51 milliard $
- Points clés : Fort ancrage en Asie, utilisé sur des exchanges comme Binance. Soutenu par First Digital Group (Hong Kong).
9. USDTB (Tether Euro-pegged)
- Capitalisation : ~1,46 milliard $
- Points clés : Variante euro du Tether. Fait partie de la stratégie de diversification monétaire de Tether.
10. PayPal USD (PYUSD)
- Points clés : Stablecoin lancé par PayPal, utilisé dans son écosystème pour les paiements, retraits et conversions. Conforme MiCA et très orienté retail.
- Capitalisation : ~961 millions $
Après les leaders actuels du marché, voyons ensemble pourquoi autant de sociétés se lancent dans ce business.
Un business des stablecoins fort juteux qui attire la convoitise
Dernièrement, plusieurs acteurs importants de la finance comme Western Union, PayPal ou encore JPMorgan ont annoncé leur intention d’émettre leur propre stablecoin. Si vous vous demandez pourquoi un tel engouement autour du secteur, il faut savoir que le business modèle de Tether et de Circle fait des envieux sur la planète finance.
Ces sociétés sont en effet légalement obligées de détenir autant de réserves financières que de dollars émis sur les blockchains, avec un ratio très proche du 1 pour 1. C’est-à-dire que pour chaque dollar minté sur Ethereum – ou Solana – ces sociétés doivent stocker l’équivalent dans leur réserve propre. Et les actifs préférés pour garantir de la valeur sur le long terme sont principalement des bons du Trésor US, de l’or physique, du bitcoin ainsi que différentes valeurs boursières.
Or les bons du Trésor génèrent évidemment du rendement ! E même si on parle seulement de 2, 3, 4 ou 5 % en fonction des taux directeurs de la Fed, sur des sommes aussi importantes, cela représente une véritable manne financière avec finalement très peu de risque. Pas étonnant que cela attire la convoitise…
Exemple d’un stablecoin euro : EURCV (EUR CoinVertible) (Société Générale – FORGE)
La diversification ne concerne pas que les dollars numériques ! L’EURCV, lancé par la branche crypto de Société Générale, SG‑FORGE, est un stablecoin indexé sur l’euro, conforme au cadre réglementaire européen MiCA.
Initialement émis sur Ethereum dès avril 2023, il a rapidement évolué pour permettre des transferts libres et sans whitelist à partir du 1er juillet 2024, grâce à l’obtention d’un statut d’Electronic‑Money Token (EMT) et d’une licence d’Electronic Money Institution (EMI) auprès de l’ACPR.
SG‑FORGE a ensuite adopté une stratégie multi‑chaînes : après Ethereum, l’EURCV a été déployé sur Solana (septembre 2024) pour bénéficier de transactions ultra-rapides et peu coûteuses, puis sur Stellar (février 2025), idéal pour les paiements transfrontaliers grâce à ses frais quasi nuls et sa forte scalabilité.
Côté distribution, depuis juillet 2024 l’EURCV peut être librement transféré par tout détenteur, sans whitelist, et figure désormais sur Bitstamp (paire EURCV/EUR et EURCV/USDT), avec Flowdesk et Wintermute comme teneurs de marché pour assurer la liquidité.
Enfin, en juin 2025, BCB Markets (BCB Group) a conclu un accord pour distribuer l’EURCV à ses clients institutionnels à Londres, Paris et Amsterdam, soulignant son rôle grandissant dans les paiements européens et les transferts internationaux sans passer par le dollar ni les systèmes traditionnels
L’exemple du Frankencoin de Mt Pelerin
Et dans le secteur de la cryptomonnaie aussi, on a bien compris qu’il y avait des possibilités importantes ! Une rumeur insistante parle par exemple d’un stablecoin chez Polymarket, le leader des paris à la sauce Web3, mais c’est sur le projet du Suisse Mt Pelerin que nous allons nous arrêter un instant.
Le 16 juillet dernier, ses équipes ont annoncé un partenariat avec la Frankencoin Association pour lancer un stablecoin décentralisé indexé sur le franc suisse et adossé à un panier de cryptoactifs : le ZCHF ou Frankencoin. Disponible à l’achat et à la vente en direct contre des devises fiduciaires via le service de change de Mt Pelerin, il constitue « une étape clé pour l’accès régulé à une version blockchain du franc suisse, sans avoir besoin d’un compte bancaire traditionnel ».
En plus de son rôle de réserve de valeur grâce à la solidité de la devise suisse, le ZCHF pourra aussi être utilisé comme moyen de paiement dans des commerces comme la chaine de supermarché Spar, mais il sera aussi possible de faire du rendement sur le module d’épargne dédié. Espérons que malgré son nom manifestement inspiré par le héros de Mary Shelley, ce projet aura un meilleur destin !
Acteur historique de la crypto en général et de Bitcoin en particulier, Mt Pelerin a décidé de se lancer dans les stablecoins et de propulser sa devise nationale sur la blockchain. Il faut dire qu’une ombre plane sur l’avenir du dollar et qu’une monnaie numérique libellée en franc suisse apparait rétrospectivement comme inévitable.
Un exemple de plus dans le paysage de la cryptomonnaie mondiale où les stablecoins deviennent littéralement incontournables. Cependant, la question de leur centralisation reste entière et divise la communauté historique de Bitcoin qui ne voit pas forcément d’un bon œil ce travestissement financier de l’invention de Satoshi Nakamoto.
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