Bien que l’usage criminel des cryptomonnaies soit marginal avec une estimation de moins de 0,029% du volume total en 2023, il n’est pas pour autant inexistant. Ainsi, une récente étude publiée par Chainalysis explore le rôle des cryptomonnaies dans le trafic de fentanyl. Un trafic qui, on le rappelle, fait des ravages aux États-Unis.
- Chainalysis a dévoilé l’implication des cryptomonnaies dans le trafic de fentanyl, une drogue meurtrière aux États-Unis.
- Une enquête a permis la saisie de 5,5 millions de dollars en cryptomonnaies, révélant des liens entre les cartels mexicains et des sociétés chinoises.
Les ravages du fentanyl aux États-Unis
En l’espace de quelques années, le fentanyl s’est répandu comme une traînée de poudre aux USA. Ainsi, en 2019, le fentanyl représentait 32% des saisies d’opioïdes selon le service des douanes et protection des frontières des États-Unis. Un chiffre qui a par la suite explosé jusqu’à atteindre les 94% en 2024.
Un désastre, car cette drogue est l’une des plus meurtrières. Entre 2020 et 2022, les décès liés au fentanyl ont quadruplé. Si bien qu’en 2023, 69% des overdoses étaient causées par le fentanyl.
Cette semaine, l’entreprise spécialisée dans l’analyse on-chain, Chainalysis a dévoilé un rapport sur le rôle des cryptomonnaies dans ce trafic grandissant.
« Le fentanyl est à l’épicentre de la crise de santé publique, qui a été une priorité politique pour l’administration américaine actuelle et celle qui l’a précédée. Outre l’activité des cartels, les vendeurs en ligne et les places de marché du darknet (DNM) jouent également un rôle dans le commerce du fentanyl et s’engagent avec différents types d’entités dans l’écosystème – tout en tirant parti des cryptomonnaies. »
Le rôle des cryptos dans le marché du fentanyl
Avec l’émergence d’internet et des places de marchés illégales en ligne, les trafiquants ont fait évoluer leurs méthodes.
Ainsi, l’intégralité de la chaîne d’approvisionnement peut être réalisée via ces plateformes. Et sans surprise, les cryptomonnaies sont parmi les moyens de paiements privilégiés.
Du fournisseur de produits chimiques nécessaires, aux vendeurs, tout ce marché peut se dérouler sur internet, loin des regards indiscrets.
Bien que de nombreux marchés illégaux interdisent le fentanyl, certains vendeurs proposent des substances coupées au fentanyl, des dérivés du fentanyl et d’autres opioïdes synthétiques dangereux.
Chine, Mexique et USA : Le trio du marché du fentanyl
En pratique, trois pays sont particulièrement impliqués dans ce trafic. Et chacun a un rôle bien spécifique dans la chaîne d’approvisionnement et de distribution.
La Chine, en premier lieu, est le principal fournisseur mondial des composantes nécessaires à la fabrication du fentanyl. Elle est également à l’origine des « presses à pilules », ces machines permettant de compresser la substance sous forme de pilules.
Le principal client de la Chine n’est autre que les cartels mexicains. Ainsi, après avoir acheté les composants chimiques et les machines, les cartels ont procédé à la fabrication massive de la drogue. Ils vont par la suite introduire la substance aux USA via diverses méthodes afin de la revendre.
Le dernier maillon de cette chaîne, les USA, est le principal consommateur de cette substance. Les cartels y vendent la drogue aux quatre coins du pays.
Une enquête permet la saisie de 5,5 millions de dollars en cryptomonnaies
En pratique, les liens entre ces différents acteurs ont notamment été révélés par le biais d’une enquête menée dans le district est du Wisconsin aux États-Unis. Et les cryptomonnaies ont été un atout pour les enquêteurs.
Ainsi, l’enquête qui ciblait les activités de blanchiment d’argent des cartels mexicain a permis d’identifier plusieurs comptes suspects sur des plateformes d’échange de crypto centralisées. Ces derniers ayant été utilisés pour des paiements dans le cadre de règlements liés au trafic de fentanyl.
« Chainalysis a retracé d’importants transferts effectués à partir de ces adresses vers des portefeuilles précédemment identifiés comme appartenant à des sociétés chinoises fournissant des précurseurs de fentanyl. »
Toutefois, les opérations de blanchiment manquaient cruellement de sophistication. Cela a permis à Chainalysis de rapidement connecter les points.
« Si le cartel a pu bénéficier de la rapidité, des faibles frais de transaction et de l’efficacité transfrontalière, leur recours à la blockchain a permis aux enquêteurs de tracer ces transactions plus facilement que ne l’aurait permis le blanchiment d’argent traditionnel en espèces. »
Finalement, ces trouvailles ont permis la saisie de 5,5 millions de dollars en cryptomonnaies. Une petite victoire pour les États-Unis, mais qui n’est probablement qu’une goutte d’eau pour les cartels mexicains.
En début d’année, Chainalysis a dévoilé que les activités illicites en crypto étaient au cœur d’une profonde mutation. Ainsi, les activités criminelles en lien avec les crypto tendent à se diversifier, comme le montre leur usage par les cartels mexicains.
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